Archives de catégorie : Actualité des luttes / Actualidad de las luchas

Nouvel article … dans le journal CQFD de juin!

Pour clore notre voyage, et pour un temps au moins les publications du blog, nous vous proposons un dernier article. Mais pour le lire, il faudra vous procurer le dernier CQFD, du mois de juin, disponible dans tous les bons kiosques et librairies.

L’article se veut un mini reportage sur la FOB (Fédération des organisations de Base) à Rosario,une organisation héritière du mouvement piquetero argentin. Tout en parlant des luttes menées par cette organisation – les blocages de routes, de supermarchés, etc -, des alternatives qu’elle mets en place – des coopératives, des jardins, des ateliers de travail manuel ou de formation politique, une escuelita libertaire -, nous affinons notre regard sur la participation des femmes, bien majoritaires dans cette organisation populaire. Travail de quartier, féminisme, transformation des relations sociales, on en a pris plein les yeux et on essaie de de vous le faire partager, même s’il y aurait beaucoup plus à dire qu’un simple article de journal !

Vous trouverez le sommaire du journal ici :
http://cqfd-journal.org/Au-sommaire-du-no144-special

Une occasion de découvrir, de-découvrir ou continuer à soutenir un des derniers médias libres et indépendants de l’hexagone…

A bientôt dans les luttes, ici ou là-bas!

24 février : La FOB se mobilise dans toute l’argentine

En Argentine la Fédération des Organisations de Base se mobilise dans de nombreuses provinces avec d’autres organisations sociales, « contre la faim, l’austérité et la répression ».

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« Aujourd’hui, dans le cadre de la grève nationale, nous nous mobilisons, avec la CUBa, et le FOL, nous nous solidarisons avec les revendications des travailleurs et travailleuses tout en portant les revendications des quartiers. La réponse à nos demandes de fournitures scolaires et d’aliments pour les cantines a été l’intimidation de la part de la police qui a arrêté le véhicule de l’organisation pour contrôler les compagnons et compagnonnes. Au delà de ces méthodes fascistes, la grosse journée de lutte d’aujourd’hui montre le chemin pour freiner l’austérité et la répression. Avec UNITE, ACTION DIRECTE, ET ORGANISATION nous mettrons fin à ce système injuste qui nous opprime.ARRIBA LXS QUE LUCHAN!!!!!! » exprime la FOB Rosario sur sa page facebook.

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A Buenos Aires, différentes organisations proclamaient :

« Le mercredi 24/02 nous adhérons à la grève nationale appelée par l’Association des Travailleurs de l’Etat – ATE.

POUR DES PARITAIRES DE 40% ET CONTRE L’AUSTÉRITÉ FAITE AU PEUPLE TRAVAILLEUR

Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement national, le président Mauricio Macri et ses différents fonctionnaires, ont pris des mesures qui favorisent les secteurs économiques les plus puissants de notre pays et qui nuisent au peuple travailleur, précarisé et au chômage.

La dévaluation de la monnaie durant le mois de décembre, les licenciements massifs dans la fonction publique, la baisse des subventions, les augmentations annoncées des prix de l’électricité et du gaz, et surtout l’augmentation constante du prix des denrées alimentaires (panier basique); sont des mesures qui impactent le porte-monnaie des familles les plus pauvres d’Argentine.

Depuis des semaines, nous dénonçons que le Gouvernement de la Ville a été sur le point de jeter à la rue pas loin de 600 familles qui intègrent différentes organisations sociales, du fait de ne pas renouveler les conventions de travail accordées. Grâce à la mobilisation et les revendications communes nous avons réussi à garantir la continuité de l’emploi de nos compagnons et compagnonnes.

Le gouvernement national ne publie pas de chiffres officiels de l’inflation qui jour après jour avale nos revenus et, récemment, le président a soutenu publiquement que l’inflation ne diminuera pas avant deux ou trois ans. Un problème qui affecte énormément les secteurs les plus pauvres et qui signifie l’austérité contre le peuple travailleur.

Dans le cadre de la négociation paritaire des différents secteurs des travailleurs et travailleuses, les Mouvements et Organisations Sociales signataires, nous exigeons au gouvernement de la Ville de Buenos Aires une augmentation de 40% de tous les programmes de travail et sociaux qui dépendent du Ministère du logement et du développement humain; pour que nous puissions mener une vie la plus digne possible pour nos familles.

– POUR UNE AUGMENTATION DE 40% DES PROGRAMMES DE TRAVAIL ET SOCIAUX

– STOP À L’AUSTÉRITÉ CONTRE LE PEUPLE TRAVAILLEUR.

– NON AU PROTOCOLE ANTI-PIQUETS. NON À LA CRIMINALISATION DE LA MOBILISATION.

Frente de Organizaciones en Lucha – Agrupación Clasista Lucha y Trabajo – Polo Obrero Capital – Federación de Organizaciones de Base reg. CABA – Movimiento Resistencia Popular – Frente Popular Dario Santillan – Agrupación Lxs Invisibles – Agrupación Villera Piquetera (AVP) – Tendencia Piquetera Revolucionaria (TPR). »

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Ce sont donc des milliers de personnes qui ont défilé hier, mercredi 24 février, mais la mobilisation ne s’arrête pas là, car, si le gouvernement de Macri compte bien continuer sa politique néo-libérale, le peuple en lutte est déterminé !
A voir le reportage photo, réalisé par la Cooperativa de Comunicación La Brújula. N’hésitez pas à consulter les pages de la FOB Rosario, de la FOB Buenos Aires, de la FOB Chaco, la fOB Cordoba et la FOB Corrientes pour plus d’infos.

Brésil : vingt ans à enraciner l’anarchisme

Nous reproduisons ici un article que nous avons publié dans le mensuel ALternative Libertaire du mois de janvier.

Les 21 et 22 novembre s’est tenu l’anniversaire de la Fédération anarchiste Gaucha (FAG) à Porto Alegre. Deux jours d’échanges et de discussions autour des pratiques de cette organisation et de l’anarchisme au Brésil. L’occasion de revenir sur le courant de l’« especifismo » en Amérique du Sud.

Au milieu d’un petit parc du centre de Porto Alegre se dresse une banderole rouge et noir, où est tracée en lettres blanches l’inscription « Feria Libertária, FAG-CAB 20 anos ». C’est ici que la Fédération anarchiste Gaucha a installé son salon du livre et ses ateliers auxquels participent le milieu militant de Porto Alegre et de nombreuses organisations brésiliennes et d’autres pays. Livres, brochures, affiches, T-shirts imprimés de tout le continent s’étalent sur les stands de fortune. Sous une tente, des gens s’assoient en cercle pour écouter et débattre avec les militants et militantes anarchistes venu-e-s présenter leurs réflexions, activités ou encore la situation de leurs pays respectifs.

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Ce sont deux jours d’ateliers et de réunions (plénières syndicales, de femmes et internationale) intenses qui ont culminé lors de la soirée des 20 ans où se sont succédé des orateurs et oratrices de la Fédération anarchiste uruguayenne (FAU), de la Fédération anarchiste de Rosario (FAR), de la Coordination anarchiste brésilienne (CAB) et bien sûr de la FAG. Celles et ceux-ci ont su habilement analyser la conjoncture brésilienne, latino-américaine et mondiale, donnant à voir les défis, les positionnements et stratégies du courant anarchiste issu de l’« especifismo » [1]. La force des discours, l’émotion et l’exaltation suscitée par les « arriba los que luchan » repris en chœur par l’assemblée a laissé place en fin de soirée à une joyeuse fête, des échanges cordiaux et animés entre militantes et militants, qui ne se fatiguent jamais de débattre de la société actuelle et du monde nouveau dont ils et elles rêvent.

Une insertion sociale sur différents fronts de lutte

La FAG naît en 1995 à Porto Alegre, dans l’État de Rio Grande do Sul, et est une des premières organisations spécifistes du Brésil. Elle s’inspire de sa grande sœur la FAU, organisation fondatrice du courant spécifiste. Aujourd’hui, elle est présente dans quatre régions de ­l’État et est investie sur différents fronts de lutte. Le plus important est le front de lutte communautaire ou territorial, c’est-à-dire le travail au niveau des quartiers et des populations les plus précaires. Pour cela, la FAG dispose notamment d’un athénée libertaire où s’organisent différentes activités : éducation populaire, conscientisation, formation (par exemple avec la bibliothèque libertaire La Conquête du pain), cours d’autodéfense, ateliers de couture, mais aussi l’accès à des produits de l’agriculture paysanne, cultivés et distribués par un « assentamento [2] » du Mouvement des sans-terre (MST)… en effet de nombreux militantes et militants de la FAG sont aussi investi-e-s dans les luttes rurales et de récupération des terres.
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L’athénée est aussi un espace de coordination des solidarités et des luttes : ici se retrouvent des collectifs, tels que ceux pour la lutte du peuple noir, des collectifs féministes ou encore de soutien à la révolution kurde… là se retrouvent les militants et militantes pour mener des luttes de quartiers, axe d’insertion sociale central pour la FAG, dont les premières luttes ont été notamment d’organiser les « recycleurs et recycleuses [3] » de Porto Alegre.

Par ailleurs la FAG s’investit aussi sur les fronts étudiant et syndical. En effet, ces dernières années, le Brésil a vécu une radicalisation des bases syndicales qui ont mené de nombreuses grèves échappant au contrôle des directions bureaucratiques et parfois mafieuses. Autour de la FAG se retrouvent sympathisant-e-s et militant-e-s des différents fronts de lutte dans une «tendance» appelée Résistance Populaire, véritable outil de la stratégie spécifiste où convergent les luttes des différents secteurs.
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Un effort de convergence qui a permis par le passé de transformer des luttes syndicales en véritables luttes de quartier, comme dans le secteur de l’éducation par exemple. Ces vingt ans de construction de la FAG se sont accompagnés du développement d’autres organisations au niveau national et ont donné naissance à la Coordination Anarchiste Brésilienne (CAB) en 2012. Sur un territoire grand comme seize fois la France, développer le fédéralisme n’est cependant pas une mince affaire. La CAB marque un processus de construction d’une ligne théorique et pratique commune, en renforçant les organisations à la base notamment par l’accompagnement de nouveaux groupes et le soutien mutuel. Une pratique de soutien d’ailleurs courante entre organisations latino-américaines, dans l’optique de développer le courant spécifiste sur le continent.

La stratégie du spécifisme

Le spécifisme est un courant anarchiste propre à l’Amérique du Sud. Développé dans les années 1960 par la FAU, il puise principalement ses origines théoriques dans les écrits de Bakounine et de Malatesta (ce dernier s’étant exilé en Argentine). Deux axes centraux fondent ce courant : l’organisation spécifique des anarchistes et la pratique/l’insertion sociale [4].

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Le premier axe insiste sur la nécessité de s’organiser au niveau politique comme un groupe cohérent, pour pouvoir agir dans le mouvement social avec une expression, une pratique et une éthique libertaire. Le concept d’insertion sociale, quant à lui, renvoie à l’histoire particulière du Brésil qui connut, dans les années 1930, un repli du mouvement anarchiste dans des « cercles culturels et intellectuels », au détriment de l’activité dans le mouvement social et syndical.

Il s’agit donc d’un retour dans la lutte des classes des anarchistes organisé-e-s et non pas ­d’une forme d’entrisme, comme peuvent le pratiquer certaines organisations de la gauche autoritaire.

L’organisation doit être un petit moteur des luttes sociales, afin d’accompagner la création d’un pouvoir populaire : les spécifistes font alors le pari d’un peuple fort plutôt que d’une organisation forte. Le pouvoir populaire se construit depuis la base, à travers ce que les spécifistes appellent le front des classes opprimées, reconnaissant ainsi l’existence de différentes formes d’oppressions, qu’elles soient économique, de genre, de race ou encore en fonction de la catégorie sociale (la paysannerie, les chômeurs et chômeuses, les travailleurs et les travailleuses, etc.). Ceci se traduit par un investissement des militants et militantes par front de lutte avec des revendications propres (exemples : de quartier, étudiante, syndicale, rurale…) où ils et elles participent à l’émergence d’espaces où se construisent les solidarités et les convergences des différents fronts de lutte.

« Peuple dans la rue pour résister et pour lutter, peuple qui avance pour le pouvoir populaire. »

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[1] Ce qui signifie l’organisation spécifique des anarchistes, terme que nous traduisons approximativement par « spécifisme ».

[2] Territoire récupéré par le MST.

[3] Personnes en très grande précarité qui ramassent les déchets recyclables dans la rue pour les revendre.

[4] Pour approfondir la compréhension du courant spécifiste, voir : FARJ, Anarchisme social et organisation, éditions Brasero Social, 2013.

Brésil : Contre la criminalisation de l’avortement, légalisation !

Nous reproduisons ici un article que nous avons publié dans le mensuel Alternative libertaire, au mois de janvier 2016.

Fin 2015, le Brésil a connu un important mouvement féministe suite à une proposition de loi visant à restreindre encore plus le recours à l’avortement et à la contraception d’urgence. Face aux attaques des conservateurs et de leurs Églises, les Brésiliennes ont démontré qu’elles n’entendent pas les laisser décider.

La question de l’avortement au Brésil est depuis très longtemps discutée, tant par les mouvements féministes que par la frange conservatrice du pays. En effet, l’avortement est encore largement perçu par la majorité des brésiliennes et brésiliens comme un crime, ce que confirme le code pénal qui stipule que « toute personne se faisant avorter par ses propres moyens ou autorisant une autre personne à l’aider est susceptible de recevoir une peine de détention de trois ans ». Toutefois, l’avortement au Brésil était jusque-là légal lorsqu’il était pratiqué par un médecin dans les trois situations suivantes : si la grossesse comporte un risque pour la vie de la mère, lorsque la grossesse est le résultat d’un viol et lorsque le fœtus est porteur de l’anencéphalie (absence partielle ou complète du cerveau, du crâne et du cuir chevelu). C’est uniquement dans ces cas que le gouvernement brésilien offre gratuitement ce service via le SUS – système unique de santé.

D’autre part, l’avortement n’est pas criminalisé lorsqu’il est réalisé en dehors du territoire national. Il est aussi possible d’avoir recours à un avortement dans des cliniques privées, mais là aussi pouvoir choisir a un prix : environ cinq salaires minimum. Autant dire que seules les femmes riches peuvent se payer le luxe d’avorter sans risquer leur vie. Un projet de loi (1135) avait bien été proposé en 1991 par deux député-e-s du Parti des travailleurs (PT, le parti au pouvoir) et visait à légaliser l’avortement. Celui-ci n’a pourtant été voté qu’en mai 2008 par la Chambre des députés ! Avant d’être rejeté par la commission de citoyenneté et justice qui s’est prononcée à 57 votes contre et 4 pour.

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La question de la légalisation de l’avortement est depuis passée aux oubliettes… Pourtant, en 2013, ce sont environ 865 000 femmes qui ont eu recours illégalement à l’avortement au Brésil, dans des conditions plus que précaires, dont les conséquences sur leur santé sont irrémédiables. En effet, environ 205 000 d’entre elles ont du se faire hospitaliser du fait de complications postavortement. Pour d’autres c’est la mort : une B­résilienne meurt tous les deux jours suite à un avortement clandestin. D’autre part, la déscolarisation d’une grande partie de la population ainsi que le manque d’information et d’accès aux méthodes contraceptives augmente considérablement le nombre de grossesses non désirées. Ici encore ce sont les femmes les plus pauvres, dont la majorité sont des femmes noires, qui pâtissent de ce manque d’accès à la contraception et doivent donc avoir recours à l’avortement clandestin, en mettant leurs vies en danger pour ne pas avoir des enfants qu’elles n’ont pas les moyens d’élever.

Poussée réactionnaire

Le rôle des Églises et des différents courants religieux présents au Brésil, en particulier les néopentecôtistes n’est pas à négliger. En effet, ceux-ci sont très présents sur l’ensemble du territoire, y compris dans les quartiers populaires et déversent leur nauséabonde propagande antiavortement et antiféministe. L’avortement est ainsi vu principalement comme un débat religieux au sein de la société. Récemment renforcés par les manifestations de l’opposition de droite et conservatrice contre le gouvernement de Dilma Rousseff, lui-même embourbé dans des scandales de corruption et des conflits sociaux, certains députés réactionnaires ont décidé de porter un grand coup à la législation sur l’avortement.

En effet, le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, un évangélique appartenant à une église pentecôtiste, vient de faire passer une loi (5069) qui vise d’une part à limiter l’avortement en cas de viol, notamment en demandant aux femmes de prouver qu’elles ont été violées en portant plainte et en se soumettant à un examen médical, susceptible d’apporter « la preuve » du viol… autant dire qu’il s’agit d’interdire tout bonnement l’avortement en cas de viol, puisque combien de femmes feront cette démarche ? Qu’en est-il des viols conjugaux ? Combien de femmes seront considérées comme effectivement violées par des médecins dont beaucoup sont contre l’avortement ? Selon l’Institut de bioéthique, droits de l’homme et genre, 36 % des femmes qui ont recours à l’avortement légal sont des enfants et des jeunes filles qui ont subi des violences sexuelles, souvent dans leur entourage proche, comme c’est généralement le cas pour les viols.

Comme si cela ne suffisait pas, la loi antiavortement prévoit également de relever les peines concernant le recours et l’aide à l’avortement (entre 4 et 8 ans et pour les professionnel-le-s 5 à 10 ans de prison, peines qui peuvent être augmentées d’un tiers si la femme qui avorte est mineure) ainsi que d’interdire la pilule du lendemain. De quoi les femmes doivent-elles donc se justifier ? D’avoir le droit de décider ? Que leur corps leur appartient ?

Printemps féministe

C’est avec colère et rage que les Brésiliennes sont sorties dans la rue pour protester contre une énième attaque qui leur est faite. En fin d’année dernière, elles ont été des centaines à marcher aux côté des groupes féministes, des associations et organisations du mouvement social, dans les grandes villes telles que Rio de Janeiro, Sao Paulo, Belo Horizonte, ainsi que dans vingt États du pays. Elles demandent la légalisation de l’avortement et que l’on arrête de légiférer sur leur utérus. Qu’elles aient été violées ou non, elles ont le droit de choisir si elles veulent être mères ou pas. Aux cris de « Dehors Cunha », ou de « Legalize ! O corpo é nosso ! É nossa escolha ! É pela vida das mulheres ! », les Brésiliennes ont su démontrer au fil des marches et des actions qu’elles ne se laisseraient pas faire. À tel point que certains journaux n’ont pas hésité à surnommer le mouvement le Printemps féministe. Il faut dire que depuis l’énorme mouvement de 2013 contre la hausse du prix des transports et contre le nettoyage social engendré par la Coupe du monde, le mouvement social brésilien a peiné à retrouver une dynamique digne de ce nom.

Ces manifestations féministes montrent un retour de la combativité, même si les réacs sont durs à cuire… La loi de Cunha est passée, mais le combat féministe ne s’arrête pas là et la résistance s’organise au quotidien, pour que les femmes continuent d’avoir le choix, en prenant le minimum de risques.

Des militantes anarchistes de Rio de Janeiro et de la commission internationale d’AL

La Federación de Organizaciones de Base (FOB) moviliza en Rosario

[ESP] Este miercoles 16 de diciembre la FOB se movilizó en las calles de Rosario y frente a la Gobernación de Santa Fe y a la Municipalidad. Abajo pueden leer el comunicado y mirar una pequeña entrevista que hicimos a la vocera de la FOB. La movilización ne se acabó y las y los de abajo están decididos a quedarse en pie de lucha !

[FR] Ce mercredi 16 décembre, la FOB a mobilisé dans les rues de Rosario et devant la Gouvernance de Santa Fe (province) et la mairie. Vous trouverez ci-dessous leur communiqué et une petit interview de la porte-parole de la FOB que nous avons réalisé. Nous n’avons pas encore de matériel disponible en français mais un petit reportage sur la FOB Rosario paraîtra dans quelques mois…. (et oui c’est dur de bosser en voyage !).


MOVILIZAMOS POR UNAS FIESTAS DIGNAS PARA LAS y LOS DE ABAJO

El día miércoles 16 de diciembre, centenares de vecinos/as de varios barrios de la ciudad de Rosario y el Gran Rosario, nucleados en la Federación de Organizaciones de Base (FOB) -regional Rosario- estaremos movilizando a la Gobernación de Santa Fe y a la Municipalidad de Rosario.

La situación social que estamos viviendo en el país es realmente angustiosa y dramática ante la falta de trabajo y el aumento de la inflación, que hace que cada familia no pueda alcanzar el sustento diario para poder hacer frente a sus necesidades.

Además el aumento del 40% de la canasta navideña, hace que las madres y padres que estamos desocupados no tengamos la posibilidad de adquirir estos alimentos para llevar algo de alegría para nuestros hijos/as.

En este marco el gobierno Provincial y Municipal han decidido unilateralmente recortar a la mitad la asistencia alimentaria que recibimos como organización para pasar con dignidad las fiestas. Entendemos esta actitud del gobierno como el comienzo del ajuste hacia los sectores populares, algo que con nuestra lucha y organización no vamos a permitir.

Es por eso que estaremos este miércoles 16 de diciembre concentrando desde las 8 am, en la plaza Sarmiento (Corrientes y San Luis), para movilizarnos hacia la Gobernación de Santa Fe y a luego a la Municipalidad de Rosario, hasta obtener alguna respuesta favorable a nuestro justo reclamo.

ARRIBA LOS/LAS QUE LUCHAN!!!!

Contacto de Prensa: Esteban Barba 0341-156672520

★ Federación de Organizaciones de Base 
regional Rosario

Video : Movilización por unas fiestas dignas para las y los de Abajo !

Caminando las luchas

La lutte du peuple noir est internationale !

Le 20 novembre 2015 s’est tenue à Porto Alegre, comme dans d’autres villes brésiliennes, une marche indépendante pour la Journée de la Conscience Noire. Cette marche rassemble des mouvements noirs combatifs autour de revendications telles que le droit à la terre, la réparation historique des crimes commis par les esclavagistes, ainsi que la fin de la répression que subissent les populations noires et indigènes aujourd’hui au Brésil et dans le monde. L’interview qui suit revient sur cette mobilisation.

El 20 de noviembre de 2015 una marcha independiente por el Día de la Conciencia Negra tuvo lugar en Porto Alegre, como en otras ciudades de Brasil. Esa marcha reúne movimientos negros combativos detrás de reivindicaciones como el derecho a la tierra, la reparación histórica de los crímenes cometidos por los esclavistas, así como el fin de la represión que viven las poblaciones negras e indígenas hoy en Brasil como en el mundo. La entrevista que sigue nos habla de esta movilización.

Interview en espagnol sous-titrée en français : pour mettre les sous-titres cliquer sur CC en dessous de la vidéo (définir sous-titres).

La favela et le quartier de Vila Isabel s’auto-organisent!

Nous voilà donc à Rio de Janeiro. Immensité urbaine où s’enchevêtrent riches quartiers résidentiels, buildings d’affaires, quartiers populaires, collines et favelas.

Dès notre arrivée, nous prenons contact avec les compagnon-ne-s: le lieu du rencart c’est Vila Isabel, un quartier de la zone Nord, une des zones du militantisme de la Fédération Anarchiste de Rio de Janeiro (FARJ).

Encore assommé-e-s par la chaleur et l’humidité nous descendons du bus urbain qui, au fil des feux rouges grillés et des virages pris en trombes, nous a emmené tant bien que mal jusqu’à l’avenue principale du quartier.

On est descendu-e-s un peu au hasard, mais ça tombe bien, nous nous trouvons juste devant l’école de Samba, renommée pour la qualité de ses danseuses et danseurs dans tout le Brésil. Pas très loin, nous retrouvons R. qui nous attend devant la grille du Centre de Culture Sociale (CSS) qui abrite des activités du Mouvement d’Organisation de Base (MOB) et de la FARJ. Sur le mur, côté rue, s’étendent une douzaine de visages qui illuminent de mille couleurs une fresque populaire et militante.

IMG_2847Cet espace est ouvert depuis 2001, tout d’abord avec l’implantation de la bibliothèque Fabio Luz, du nom d’un ancien militant et médecin anarchiste. C’est une grande maison sur deux étages avec un petit jardin extérieur et un grand préau derrière. Le lieu est devenu depuis 2003 le Centre de Culture Social, où une grande partie des activités du MOB se déroulent. R. nous fait visiter l’endroit et nous décrit les activités qui sont très diversifiées : au premier étage, on trouve un atelier de sérigraphie et de muralismo, un atelier de fabrication de gâteaux desactivé, mais aussi une salle de classe pour des cours d’éducation populaire. Le centre dispose aussi d’un « bazar », une sorte de friperie populaire qui se tient tous les samedi. Le préau est utilisé pour des cours de Capoeira Angola, mais également pour des assemblées générales, des projections, des débats, des marchés et la friperie, des fêtes et des concerts. La bibliothèque, rattachée au réseau des CIRA (Centre International de Recherche sur l’Anarchisme) occupe le deuxième étage.

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En ce milieu d’après-midi de fin de semaine, le centre commence à s’animer. Des gens du quartier et des militant-e-s du MOB commencent à arriver, notamment pour les cours gratuits du soir destinés aux personnes du quartier et de la favela du “Morro dos Macacos” qui préparent l’examen d’entrée à l’université.

Autour d’un café, des militant-e-s nous racontent l’histoire de ce lieu et de celleux qui y militent.

Le centre de culture sociale est le fruit d’un vieux rêve des anarchistes cariocas qui ont tout fait pour avoir un espace propre dédié au travail social. En installant la bibliothèque sociale dans un ancien lieu communautaire du quartier, celleux, qui plus tard allaient fonder la FARJ, créaient ainsi le premier espace libertaire de la ville depuis la fermeture du Centre de d’études Prof. José Oiticica (CEPJO) par la dictature en 1968.

Le CCS va alors devenir un lieu de développement d’une activité sociale et communautaire, aujourd’hui portée par le MOB. Le Mouvement d’Organisation de Base naît d’un mouvement social de chômeurs-euses et précaires et rassemble aujourd’hui des personnes, des familles et des militant-e-s du quartier de Vila Isabel, de la favela du Morro dos Macacos (attenante à Vila Isabel) ainsi que des militant-e-s d’autres quartiers, notamment de la FARJ.

Le MOB se décrit lui-même comme un mouvement social dont l’objectif est de construire des outils de lutte, de manière collective et horizontale, pour permettre au peuple de revendiquer ses droits et les besoins immédiats tels que l’éducation, la santé, l’emploi, la culture, etc. C’est par là un moyen d’organisation collective à même de renforcer le pouvoir populaire, mais aussi de consolider des solidarités, encore appelées ici Apoio Mútuo.

Le CCS est ainsi un espace d’organisation, de rencontre, d’échange d’informations et de solidarité pour les travailleurs et travailleuses assalarié-es, chômeurs-ses et précaires. Celleux-ci s’y réunissent, se forment sur les questions liées aux droits sociaux et construisent ensemble leur mobilisation. Lorsqu’on entre dans la première salle du CCS on peut ainsi trouver des tracts, des revues et autres matériel sur la question du travail, entre autres. Un ordinateur permet également l’accès à internet de manière libre.

Cet espace s’articule avec les activités d’éducation populaire. Ce sont par exemple les « élèves » qui sont là ce soir, accompagné-e-s de professeur-e-s bénévoles, qui sont parfois de simples étudiant-e-s… un cours alternatif aux classes privées et payantes, celles qui permettent de préparer les examens d’entrée à l’université publique, et une manière de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur… par la base.

Une éducation populaire qui passe aussi par la conscientisation des adultes et des enfants à travers les activités de muralismo, de sérigraphie, ou encore le théâtre, les discussions, les danses, les projections de films, etc. Une quantité d’activités culturelles et politiques qui amènent à la mobilisation des habitant-e-s de la zone, notamment autour de dates symboliques de résistance comme le 1er mai, le 8 mars ou encore le jour de la Conscience Noire (20 novembre).

IMG_2844Lorsque nous repasserons le lendemain, nous pourrons aussi admirer les étals du « Bazar », la friperie communautaire… qui répond au principe d’économie populaire et permet une certaine autonomie des Morradores qui la tiennent. En effet, se démarquant de l’économie solidaire qui tend à revêtir de principes humanistes les désastres du capitalisme, notamment via son utilisation à tord et à travers par les institutions et l’action assistancialiste des ONGs, l’économie populaire permet elle de (re)mettre en avant une gestion collective et horizontale de la production et de l’économie. Les mêmes ONGs qui sont présentes en masse dans les favelas, tout comme les églises néo-pentecôtistes, et permettent le contrôle social en entravant les processus d’auto-organisation des habitant-e-s. Un contrôle social d’ailleurs doublé d’une militarisation constante, notamment via les Unités de Police Pacificatrice (UPP) en place depuis 2008 et qui, montés sur des pick-up et armés jusqu’aux dents, sillonnent les quartiers. On ne compte plus les bavures et les meurtres de la police de Rio dans les quartiers populaires et les favelas, malgré ce que prétend le gouvernement.

Tant d’activités sociales, culturelles, économiques et profondément politiques qui se développent pas seulement au CCS mais aussi dans la favela Morro dos Macacos elle-même. Mais loin de se refermer sur ses activités propres, le MOB, qui est aussi présent dans deux autres endroits de l’état de Rio de Janeiro, est aussi le lieu de connexion avec d’autres mouvements sociaux. Les militant-es de la FARJ participent particulièrement à l’articulation avec d’autres luttes, notamment les luttes paysannes, pour l’accès au transport et étudiantes et de l’éducation auxquelles illes participent.

Avant de quitter le CCS un petit tour dans la bibliothèque sociale Fabio Luz s’impose. On y trouve de nombreux ouvrages sur l’anarchisme et les mouvements sociaux, en grande partie hérités d’Ideal Peres, dont le militantisme a inspiré la FARJ. Journaux locaux (en particulier Libera, de la FARJ), nationaux et internationaux s’alignent également sur les étagères des deux pièces remplies de livres et inspirent tou-te-s celles et ceux qui fréquentent le centre…

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Nous quittons les joyeux visages de luttes et de résistances qui s’animent à l’intérieur et continuent de danser sur les murs de l’entrée pour nous plonger dans l’activité frénétique des rues de Rio et s’élancer vers d’autres inconnus toujours plus attrayants.

Encore plus d’infos ici :
https://www.facebook.com/OrganizacaodeBase/?fref=ts
https://organizacaodebase.wordpress.com/
http://www.farj.org/
https://bibliotecasocialfabioluz.wordpress.com/

Caminando Las Luchas

Pour la légalisation de l’avortement au Brésil !

En pleine période de reflux des mobilisations sociales et du contre-coup des grandes mobilisations de 2013 contre la Coupe du Monde, le Brésil connaît un sursaut féministe et une mobilisation d’ampleur contre la criminalisation des femmes qui entendent choisir si elles deviendront mères ou non.

On parle même d’un « printemps des femmes »….

Cette mobilisation naît de l’opposition à un projet de loi aujourd’hui en discussion au gouvernement, présenté par le député évangéliste Eduardo Cunha. Celui vise à obliger les femmes violées à prouver la violence sexuelle pour pouvoir avorter légalement, notamment par des examens médicaux poussés après le viol. A noter que l’avortement pour viol est le seul cas possible au Brésil… En gros cela signifie la pénalisation de l’avortement sous toutes ses formes.

Comme si cela ne suffisait pas la loi augmente les peines concernant le fait d’aider ou d’encourager une femme à avorter et restreint la définition de violence sexuelle aux cas où il y a eu dommages physiques et psychologiques constatés.

D’un autre côté Cunha veut aussi interdire la pilule du lendemain. Autant dire que les brésiliennes verront leur sexualité criminalisée et seront condamnées aux mutilations et à la mort si elles veulent avorter. Sauf pour les femmes riches évidemment qui pourront toujours aller avorter en Europe…

Des milliers de femmes sont descendues dans la rue des grandes villes des pays pour réclamer la légalisation de l’avortement et le départ de Cunha, président de la Chambre des députés, déjà enlisé dans des scandales de corruption. Le jeudi 12 novembre 2015  une manifestation féministe avait lieu dans le centre-ville de Rio de Janeiro.

On vous propose ici quelques photos et vidéos de la manif’ :

Et les vidéos :

« Legalize !
O corpo é nosso !
É nossa escolha !
É pela vida das mulheres ! »

« Ai, ai ai ai
ai ai ai ai ai ai ai
empurra o Cunha que ele cai ! »

Caminando las luchas.